Rechercher
Articles les plus lus

· Anjouan: Un homme viole ses trois filles!
· La fille de Bob Denard raconte!
· Le Soussounage: Une prostitution qui ne dit pas son nom!
· Comores: Une fille de 14 ans violée par sept personnes!
· Kadhafi : Les raisons d'une mort en Libye...!

· Cour d'assises: Qui sont les jurés et leur rôle!
· Le droit de cuissage aux Comores!
· Malika Salim: De Moroni à Paris, Le rêve d'une négresse...
· Listes des rescapés du vol Inter-îles Moroni-Anjouan!
· Comores/Présidentielles: Listes des candidats probables!
· Guinée-Burkina: Dadis cool, en villégiature à Ouagadougou!
· Comores/Mohéli: Le sauvage de Bonovo lâche ses chiens!
· Sarkozy semble vouloir abattre Kadhafi tout seul"
· Les Comores humilié à Mohéli par Robby Judes!
· Annulation du décret présidentiel!

Voir plus 

Abonnement au blog
Recevez les actualités de mon blog gratuitement :

Je comprends qu’en m’abonnant, je choisis explicitement de recevoir la newsletter du blog "comoresactualites" et que je peux facilement et à tout moment me désinscrire.


Statistiques

Date de création : 31.01.2011
Dernière mise à jour : 01.09.2021
5785 articles


Derniers commentaires

El-Maarouf le sauveur ou El-muerte le tueur?

Publié le 28/04/2014 à 22:31 par comoresactualites Tags : moi monde bonne chez mort travail argent art pensée cadres patrimoine
  El-Maarouf le sauveur ou El-muerte le tueur?

Le  constat  est  dur  mais  nécessaire :  à  El-Maarouf,  c’est  la  désolation.  J’ai travaillé plusieurs années dans cet hôpital mais cela ne doit pourtant pas servir à légitimer mon silence face aux cortèges des horreurs qui sévissent, ces derniers temps, dans cette institution mythique. À la lumière des drames récents et des écueils que les expériences passées dans ce lieu m’ont apportées, permettez-moi de faire un détour dans ce passé, pour tenter de mieux comprendre les fondements du déclin de la qualité des soins au sein de notre hôpital de référence, aujourd’hui à l’agonie. J’étais jeune infirmer lorsque l’hôpital a été remis aux autorités comoriennes par le biais de l’administration coloniale. Du point de vue médical, c’était un héritage d’une grande richesse historique; le plateau technique et administratif permettait de dispenser  des soins  appropriés  conformément  aux normes en vigueur  de l’époque. Quel paradoxe! Auparavant, les ressources étaient dirigées au bon endroit; les unités  des  soins  très  bien  entretenues  et  fonctionnelles;  les  équipements  et fournitures médicaux de bonne qualité et constamment renouvelés; les repas, les médicaments, les tests, le transport ambulancier etc., tous offerts gratuitement.

 

Sans un sous, tout le monde avait un accès rapide et illimité à toute une gamme de soins médicaux; chaque patient avait son dossier médical, le tout bien archivée et exploitable; les services de soutien tournaient à plein régime; les soins privés se donnaient exclusivement en dehors des heures de travail. Quant à  l’encadrement  du  personnel,  l’hôpital  leur  offrait  un  environnement propice à l’apprentissage et à la mise en pratique de leurs connaissances; payé et évalué régulièrement (dernière évaluation 1982), il était motivé et engagé dans le processus de soins, tout en respectant les codes professionnels; On pourrait allonger la liste…Hélas! Ce tableau idyllique ne fut que de courte durée. Compte tenu de ces conditions,  comment  donc expliquer la dégradation des infrastructures  ainsi  que  la  détérioration  de  la  qualité  des  soins  au  point  de désigner notre fleuron national d’El-Muerte?      Un agrégat de facteurs a contribué au dépérissement de l’hôpital  El-Maarouf. Mais,  selon  moi,  la  réflexion  peut  se  regrouper  autour  de  trois  grands déterminants qui vont sceller définitivement son sort et, imposer un état d’esprit nouveau chez les patients ainsi que chez les professionnels qui vont y exercer leur art, oh! Combien valorisant!

 

Le  premier  déterminant  est  sans  conteste,  le  sous  financement  par  les gouvernements successifs. Aucun des deux paliers du gouvernement n’a pris la peine de considérer El-Maarouf comme un patrimoine d’une richesse inestimable pouvant  assumer  un  rôle  prépondérant  dans  la  répartition  équitable  de  la richesse collective. Encore aujourd’hui, tandis que l’hécatombe se poursuit,  et que toute tombe en ruine,  nos élites continuent d’ignorer ce secteur vital  qui préoccupe réellement la santé des gens, pauvres et riches. Vraisemblablement,  le  sous-financement  va  révéler  un  phénomène  important jusque-là inconnu : malgré un personnel pléthorique et formé, l’hôpital n’assure que des soins de piètres qualités, offerts dans des conditions médicalement non sécuritaires  et  administrés  par  un  personnel  peu  consciencieux  de  la performance car soumis à aucune obligation de résultats. Après  le  départ  du  dernier  gestionnaire,  issu  de  la  coopération  française, plusieurs problèmes,  pourtant  prévisibles,  vont  se  manifester  très  tôt  dans la gestion  médicale  et  administrative  de  l’hôpital,  Malheureusement,  aucune mesure n’a été mise en place pour limiter leurs impacts négatifs. Au fil du temps, des  comportements  déviants,  inconscients,  insouciants,  inconséquents, proprement  criminels,  vont  devenir  la  pratique  dominante,  sans  que  l’État intervienne. Ce laisser-faire gouvernemental fut dramatique.

 

Ainsi donc, dès l’aube de notre indépendance, des enjeux majeurs vont affecter en  permanence  la  dynamique  organisationnelle  des  activités  médico-administratives, bouleversant radicalement la manière de donner et de gérer les soins.  À  titre  d’exemple,  on  peut  mentionner  l’absence  d’investissement significatif  dans l’entretien et  la rénovation des bâtiments ou dans l’achat de nouveaux équipements désuets ou tout simplement le renouvellement du stock des consommables. Pire encore, malgré une vision hospitalocentrisme révélateur et, un domaine en constant  évolution,  El-Maarouf  fut  oublié  des  priorités  nationales.  Aucune stratégie gouvernementale n’a été pensée pour bonifier les activités médicales qui  s’y  déroulaient;  le  fonctionnement  des  services  médicaux,  techniques  et administratifs dépendait exclusivement des rares dons, vite détournés. Soumis à ce régime d’assistanat permanent, comment ne pas sombrer dans la stagnation intellectuelle démoralisatrice qui pousse les professionnels à la médiocrité? Quant  aux services administratifs,  la politisation des postes cadres n’a  guère arrangé  la  situation;  la  guerre  larvée  pour  les  postes  de  médecin-chef,  du directeur  général  et  de  surveillant  général  etc.,  n’a  pas  permis  une  saine collaboration entre les différentes équipes; faute de moyen, on sabre dans les services pourtant essentiels (hôtellerie,  pharmacie, transport  d’urgence)  et  les factures refilées aux patients. Face à un tel contexte de travail,  fournir des soins de qualité, humainement et techniquement acceptables, est devenu une mission quasi impossible. Le  deuxième  déterminant  est  le  désengagement  de  l’État  à  travers  ses restrictions  budgétaires  successives,  d’abord  par  pure  inconscience et  par  la suite, sur imposition de la banque mondiale. Cette indifférence, va soulever deux autres problèmes de taille:

 

 1) la pratique mercantile, au sein même de l’hôpital, précurseur  de  petites  magouilles;

 2)  la  facturation  des  soins  créant inéluctablement l’inaccessibilité et l’inégalité aux soins médicaux, source d’une injustice sociale jamais corrigée. Ainsi donc, l’entrée en vigueur  du ticket modérateur, sensé réduire la charge de l’État,  n’a  finalement  généré  que  des  effets  pervers  manifestes  dont  la  plus dramatique est la désorganisation des soins et la décentralisation des finances. Dans la mesure où il faut payer pour chaque soin, pour chaque service, alors que les besoins monétaires du personnel soignant est une réalité, cela signifie en gros, qu’on peut payer n’importe qui, ou se faire payer par n’importe qui, pour recevoir  n’importe  quels  soins,  dispensés  dans  n’importe  quelles  conditions, sans  passer  forcement  par  la  caisse  centrale  de  l’hôpital.  La  table  de  la corruption est servie; adieu la vocation! Cette  « privatisation  sauvage »  des  soins  car,  soumis  à  aucun  paramètre technique, financier, administratif ou législatif rigoureux, a été très profitable pour les gouvernements qui voyaient l’hôpital fonctionner, peu importe la qualité des services, sans avoir à y verser un centime. En somme, la financiarisation des soins  va  servir  de  terreau fertile  aux « mkarakara »  latents  et  à  l’émergence d’une nouvelle culture de marchandage des soins. C’est ainsi que l’hôpital, un espace  public  à  caractère  humanitaire,  est  devenu  un  péage,  un  lieu d’enrichissement. Mais, qu’en est-il  de la situation des patients? Disons qu’aucune amélioration notable n’a été constatée ni au niveau de l’accessibilité ni au niveau de la qualité des soins. D’autant plus qu’aujourd’hui encore, victimes de cette déstructuration des activités médicales et du laxisme des gestionnaires, les malades continuent de payer sans en avoir pour leur argent. Fait nouveau, nos élites qui se croyaient jusque-là à l’abri  de cette « médecine de brousse », se rendent compte que, même s’ils ont l’argent qui leur permet  de se payer les meilleurs spécialistes, rien ne leur garantie des soins médicalement sécuritaires en raison du manque crucial de ressources dont ils en ont contribué à la pénurie et, qu’en cas  en cas de négligence fatale… Enfin, le dernier déterminant, et non le moindre, est le retard dans le versement des salaires. Si les médecins s’en sortaient tant bien que mal, les paramédicaux eux, croulaient dans la misère. Les cumuls des impayés à ouvert la porte à la débrouillardise  malsaine  signant  la  mort  de  la  médecine  humanitaire.  Il  était illusoire de croire que la nouvelle génération du personnel allait  jouait  le bon samaritain, alors qu’ailleurs, sans état d’âme, des fonctionnaires s’enrichissaient impunément. La  déconsidération  du  statut  particulier  du  personnel  soignant  a  gravement ébranlée  les  structures  organisationnelles  des  soins.  Certes,  tous  ont  prêté serment mais,  incapables de survivre à des longues périodes d’arriérées, les activités privées plus lucratives ont pris le dessus. Pour être rentables, celles-ci ont été introduites sciemment dans l’hôpital  encourageant ainsi  les effractions par  un  usage  abusif  des  ressources  fondamentales  destinées  aux  patients, créant une pénurie chronique et généralisée au niveau des unités de soins. Puisque nous vivons dans un système financier  corrompu, ces malversations n’ont jamais été décriées. Pire, les malades eux-mêmes prenaient part à cette décrépitude en soutenant des actes illégaux, voire dangereux, qui sont pratiqués au  sein  même  de  l’hôpital.  Cette  corruption  interne  n’est  soumise  à  aucun contrôle;  une nouvelle  mentalité  de  pillage  par  dépossession  est  devenue la norme. On dépossède carrément les malades, parce que comme vous, «  nous sommes en droit de…. ».Enfin de compte, la gangrène, la corruption et toutes sortes de lobbies ont infiltré la pratique quotidienne, établissant un rapport douteux entre les patients et les soignants, mettant constamment à mal l’agir moral. Le bien-être des malades, leur dignité, la conscience morale des professionnels, la culture  du bien faire, n’ont  jamais  été  valorisés,  détruisant  l’esprit  d’imputabilité  pourtant  essentiel lorsqu’on soigne des humains.  C’est ainsi que depuis trois décennies, la pagaille règne à El-Maarouf sur tous les plans : cliniques, juridiques, financiers, gestion des ressources humaines et des infrastructures, etc. Même si certains soignants croient encore au miracle, mais comment venir à bout de l’irresponsabilité des gouvernements? Comment redonner confiance à la population désemparée afin qu’elle cesse de soutenir des pratiques illégales et oser les dénoncer? Comment briser les pressions des lobbies  syndicaux,  professionnels  et  politiques  qui  se  fusionnent  et  se désunissent au gré de leurs intérêts reléguant les patients au second plan?

 

Enfin, si I ’oxygène est aujourd’hui disponible, il ne faut pas vite s’en réjouir, car des tragédies, ce n’est pas la première fois qu’ils se produisent au sein de cet hôpital,  avec  ou  sans  oxygène,  et  ce  ne  sera  pas  la  dernière  fois malheureusement. Parce que, mis à part les crimes qui y sont commis et laissés sans punition, aussi longtemps que les malades ne seront pas au centre des préoccupations  quotidiennes  des  gouvernements  et  du  personnel,  rien  ne changera. Que faire alors? Que nous enseignent tous ces morts, au-delà de l’indignation et du  scandale  qu’ils  peuvent  susciter?  À  prime  à  bord,  il  est  clairement inacceptable  que  cette  situation  perdure  encore;  des  voies  existent   pour ramener « El-Muerte » mal en point, à son niveau comparable à ce qu’il existait déjà.  Mais  pour  cela  il  faudrait   que  les  gouvernements  assument  leurs responsabilités. En-ont-t-ils vraiment la volonté?

 

Ahmed Mohamed Ben, infirmier(Québec) Canada