Comoresalternances

Lettre ouverte de Sounhadj au président des Comores, IKILILOU Dhoinine


Monsieur le Président, Vous êtes père de deux filles, dont l'aînée prénommée, Halouwa, le nom de ce bon gâteau comorien bien sucré, qui accompagne nos cafés dans les cérémonies de mariage, ou autres festivités joyeuses. Votre femme a appelé sa fondation humanitaire Halouwa-Tété, respectivement les deux prénoms de vos filles. Ce dernier prénom voulant dire : un beau cadeau. Cela montre la fierté d'avoir une fille et la joie qui est la vôtre de les voir grandir.

Eh bien, Monsieur le Président, ma fille aînée à moi s'appelle Nadia. Un proverbe Anjouanais dit qu'une première fille est une vitrine qu'on regarde tous les jours. Cela fait bientôt quatre mois, qu'elle est injustement enfermée dans la prison de Moroni, simplement parce qu'elle était la secrétaire de Abou Achirafi. Dans son travail, elle était chargée de la correction de passeports et cartes d'identités erronées. Et voilà que ce travail administratif de secrétaire, qu'elle était, lui vaut d'être maintenue en prison, alors que tout la disculpe.

Aujourd'hui dans cette affaire de passeports de la citoyenneté économique, affaire qui intéresse des ambassadeurs, des ministres, des conseillers et des directeurs, seule Nadia, qui n'a fait que son travail administratif sous les ordres de son chef, se trouve enfermée en prison. Même celle qui a avoué avoir été l'un des cerveaux de cette affaire, qui a gagné des millions, jusqu'à offrir comme cadeau de mariage à ses invités des téléphones Samsung galaxie, passe des jours heureux dans une chambre privée d'hôpital à côté de ses parents, pour une grossesse normale qui ne peut jamais être considérée comme une maladie. Somme toute, elle a été libérée parce qu'elle est tout simplement la nièce du président du tribunal, le juge Mohamed Youssouf. Celui là même qui siège à la cour d'accusation, et qui n'a jamais accepté une liberté provisoire pour Nadia.

Dans cette affaire où on parle de milliards, bien que Nadia ne possède même pas une bicyclette, la procureur de la république s'acharne sur elle, alors que tout démontre que ce n'est qu'une secrétaire qui n'a fait que son travail administratif. Cela prouve tout simplement la mauvaise foie de cette dernière et sa volonté de faire du mal. Elle semble ne pas avoir accepté que l'oncle de Nadia, Nidhoim Attoumane, ait du lui écrire pour lui rappeler certaines règles de base de la loi. Quoi de plus normal, puisque Madame Maoulida a été la stagiaire de Monsieur Nidhoim quand ce dernier était procureur général. Monsieur le Président, l'injustice que subit Nadia est connue de tous. Votre ministre de la justice, qui a compris le drame qui est entrain de se jouer, a tenté de corriger cette injustice. Mais, vous lui avez vous même interdit de se mêler des affaires de justice. Cette justice, qui s'est malheureusement discréditée aux yeux de tous les comoriens et du monde entier et que vous-même avez qualifiée de corrompue, d'incompétente et de désorganisée, comment pouvez-vous avoir confiance en elle, jusqu'à vouloir lui accorder une liberté totale d'action ? Monsieur le Président, nul n'a le droit de laisser se perpétrer une telle injustice sans réagir. C'est pourquoi la réaction de votre ministre de la justice est toute à son honneur. Monsieur le Président, ma fille Nadia, est une jeune fille non mariée, à la fleur de l'âge qu'on est entrain de tuer injustement en prison.
Voilà bientôt quatre mois qu'elle est gardée derrière les barreaux sans qu'elle comprenne pourquoi tout cela lui arrive.

La destinée de Nadia n'était pas d'être secrétaire. Diplômée de la prestigieuse école de commerce de Maurice, elle a pris ce travail faute d'en trouver un dans son domaine de compétence. Monsieur le président, ce que vous ressentez pour Halouwa, c'est ce que je ressens pour Nadia. Si j'avais le moindre doute concernant ma fille, par pudeur, je me tairais. Je sais, comme tout le monde, que Nadia n'est mêlée ni de près, ni de loin à cette affaire de passeports. Son seul tort, c'est d'avoir fait son travail de secrétaire, qu'elle était. Aujourd'hui, je suis rempli de haine contre tout ceux qui m'inflige cette douleur injuste de laisser ma fille en prison, si ce n'est que pour des rancunes personnelles politiques. Je ne supporte pas l'idée que ce soit vous, Ikililou Dhoinine, qui fut un ami, aujourd'hui Président de la République, et que j'ai aidé à le devenir, qui s'emporte contre son ministre de la justice, qui tente de lui expliquer que le tribunal de Moroni s'acharne injustement sur la fille du Docteur Sounhadj Attoumane. Je suis sûre que vous ne souhaitez pas que cela arrive à Halouwa un jour.

N'oubliez pas qu'on a pris le thé ensemble, qu'on a parlé de l'avenir et que quand je venais chez vous, Halouwa m'appelait tonton. Si je vous écris, c'est pour que vous, Président de la République, garant des droits de tout citoyen, preniez vos responsabilités devant cette justice qualifiée de corrompue et de ma lade, qui s'acharne contre les innocents et ménage les bandits et les voleurs en cols blancs. Nadia ne doit pas être en prison, car elle n'a rien fait de mal, elle n'a fait que son travail de secrétaire et tout le monde le sait. Monsieur le Président, jamais je n'oublierai le mal qu'on fait à ma fille Nadia, mise injustement derrière les barreaux le jour de son anniversaire, le 25 octobre 2013.

Docteur Sounhadj Attoumane Ancien Ministre de la Santé

source wongo